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J'y suis allée la première fois en 2009. Encore étudiante, avec un camarade, nous y allions pour faire un reportage sur la frontière sud européenne. En trois semaines nous avons sillonné l'enclave dans tous les sens. C'était surtout le grillage encerclant la ville qui nous intéressait, cette frontière d'une impressionnante violence, où tout est chirurgicalement étudié pour empêcher le passage des migrants: 3 grillages (y en a maintenant 4), des systèmes de repérage visuel, caméras infrarouges, détecteurs de mouvements, micros, pièges, barbelé avec des pointes comme des couteaux... Et, évidemment, les contrôles de la Guardia Civil, corps d'Etat fondé par le dictateur Franco et aujourd'hui encore responsable parmi d'autres néfastes taches, du contrôle des frontières. Mon attention avait aussi été captivé par toute cette population marocaine frontalière qui pour survivre en dehors de l'enclave des riches, était coincée dans un vas-et-viens de la frontière pour des boulots assez mal payés pour qu'il ne sortent jamais de la misère.
Je n'avais pas rencontré de mineurs isolés, mon oeil ne les a peut-être pas vu, car ils étaient là. Le photographe, militant pour les droits humains et cher ami José Palazon m'en avait pourtant parlé... 
Trois semaines plus tard, je suis retourné à Berlin où je vivais, avec la sensation que je n'avais pas tout vu dans cet endroit, comme si je savais que j'avais quelque chose d'autre à y faire. Des années se sont écoulées sans que je puisse repartir là-bas, pas le temps, pas de moyens, d'autres projets. Jusqu'en 2015, quand j'y suis retournée sans projet, sans but, avec l'idée de voir ce qui m'attendait là-bas. 

Photo: 2017

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